Le gendarme du village

Je ne savais vraiment pas comment dire ou décrire ce qui se passait à la maison. C’était violent mais pas physiquement. Je vivais dans la peur des crises qu’il faisait. Pour essayer de faire comprendre ce qui se passait à mon avocat, j’ai commencer à l’enregistrer sur mon téléphone certaine des scenes qui me faisait subir. Quand j’ai fait écouter ça à mon avocate elle est tombée les nues elle a dit : « non il ne peut pas être sérieux là ! « . Ensuite elle a dit :  » Il faut aller porter plainte. « 

Alors j’y suis allée. Je suis retournée à la police de mon village en disant que je voulais porter pkainte. Ils m’on dit : « ça n’est pas chez nous qu’il faut aller pour porter plainte, il faut vous rendre à la gendarmerie  » . Je me suis donc rendue à la gendarmerie. C’était en fin d’après-midi en décembre, il faisait presque nuit. J’etais partie sans sac ni manteau. J’ai sonné a la grille de la gendarmerie. Après un assez long temps d’attente un gendarme est venu ouvrir. J’ai dit que je voulais porter plainte contre mon compagnon et j’ai tenté de lui raconter que ça se passait mal à la maison, de décrire comment mon compagnon me criait dessus, que je voulais partir de la maison parce que j’avais peur.

Il a dit OK on recommence : Nom,  prénom, profession, … Exactement comme dans les films. D’ailleurs je n’avais même pas de pièce d’identité avec moi. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’était pas coopératif. Il tapait à la machine les pauvres phrases que j’essayais de formuler. C’est très dur de décrire les violences psychologiques, surtout quand vous êtes dedans depuis les années. Un moment il m’a demandé :  » Est-ce qu’il y a des violences physiques ?  » J’ai dis oui, enfin un peu…et je lui ai raconté l’épisode où mon compagnon n’avait tapé sur la tête et m’avait arraché mon téléphone des mains. Ca m’avait etourdie et j’étais tombée à la renverse dans les velos derrière moi. Et là il s’est arrêté de taper à la machine. Il a relevé la tête, m’a regardée bien en face et il m’a dit :  » Madame, il faut vous dise : il y a des nouvelles directives et si vous me dites qu’il y a violence physique,  nous on va être obligés de mettre votre compagnon en garde à vue. Est-ce que c’est vraiment ce que vous voulez madame ?

Moi je me suis imaginé les gendarmes débarquant à la maison pour arreter mon compagnon sous les yeux notre fils, le garder en cellule 24 heures, ça m’a épouvantée. J’ai dit :  » je crois que c’est un peu disproportionné.  » il ne m’a posé aucune autre question. Il n’était visiblement pas intéressé et pressé de se débarrasser de moi. Il a tapé encore quelques instants à la machine, il a imprimé une feuille, me l’a tendue ainsi qu’un stilo pour que je la signe. Plus tard je l’ai relue.

Avant toute chose il n’avait pas pris ma plainte comme je lui avait demandé. Il avait simplement fait une main courante. Son texte tenait en quatre ou cinq phrases peu claires sauf la suivante :  » Madame … déclare qu’il n’y a pas eu de violence physique. »

Cet homme assermenté, non seulement n’a pas pris au sérieux ma situation, n’a pas chercher à aider le moindre du monde, mais il a délibérément menti dans ce qu’il a écrit et m’a fait signer. Et cela a eu des conséquences. La principale est que la juge d’appel s’est appuyée sur cette déclaration pour nier et rejeter tout le volet de violence de mon compagnon, malgré tous les témoignages et tous les enregistrements.


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